15 Fév Magazines Photo. Ils ont fait le choix de l’optimisme !
Dans notre dernier article consacré au photojournalisme, nous finissions sur une note d’optimisme en évoquant le Mook 6mois qui, dans un monde happé par la rapidité et la multiplicité des tâches, a fait le choix de faire l’éloge de la lenteur avec une parution… bi-annuelle. En découvrant récemment une émission (que nous ne saurions que trop vous recommander), il nous en fallu peu pour relancer le débat sur l’évolution du métier du photographe.
Entretien plein d’optimisme mené de main de maître par Brigitte Patient, aux commandes de l’émission Regardez-voir, avec Marie-Pierre Subtil, Rédactrice en Chef de 6mois, Alain Genestar, Directeur de la publication de Polka, et Pierre-Jacques Provost, Rédacteur en chef de Profession Photographe.
Internet, évolution ou Révolution ? Le pessimisme n’est ici pas de rigueur, et ça fait plaisir ! 6mois, Polka magazine et Profession Photographe, existent et vivent essentiellement en version papier. Et pourtant ! Tous trois sont d’accord pour dire que sans internet, ils ne pourraient pas faire leur métier. Alain Genestar évoque avec sagesse la révolution qu’est en train de vivre la profession. « Une révolution signifie que l’on change d’époque. Etre contre, c’est de la conservation. Nous sommes dans une autre époque ». Ne pas rester dans la nostalgie et être dans l’action, telle est la devise du Directeur de la publication de Polka. Marie-Pierre Subtil est du même avis : la majorité des projets qu’elle reçoit arrivent par email. Sans internet, de très belles découvertes n’auraient pas pu être faites. Et pourtant : 6mois a su se servir de cette révolution en se positionnant – selon les mots de Marie-Pierre Subtil – dans le « Post internet ». Il y a toujours une envie de hiérarchisation, de mise en avant, et le papier sert à ça. Le temps, c’est le crédo de la revue, avec une parution deux fois par an : le premier jour du printemps, et le premier jour de l’automne. Un pied de nez au monde d’aujourd’hui ? Sûrement. Cette révolution, les magazines ont su l’apprivoiser, et même la tourner en leur faveur. 6mois, en prenant le pari de la lenteur. Polka, en créant une application Ipad à faire pâlir de jalousie les magazines d’actualité les plus côtés.
Des modèles économiques chahutés ? Les périodes de remise en question favorisent l’innovation. Trouver le modèle économique en lien avec sa ligne éditoriale et sa philosophie n’est pas des plus évidents. Et pourtant. Chacune à leur manière, ces trois revues ont su trouver le modèle financier qui devrait leur assurer la stabilité. Polka Magazine, en lançant un concept alliant Magazine, Galerie Photo et Site internet. Grâce à la publicité, aux ventes et aux revenus liés à la Galerie, Polka a créé un modèle économique lui assurant l’équilibre. 6mois, quant à lui, a fait le choix du Mook vendu uniquement en librairie. Quant à Profession Photographe, il mise sur la publicité et les revenus liés aux abonnements. Dans un monde pourtant si bousculé, est-il encore possible de rêver… ?
Des rêves, devenus réalité Relativement récentes (6 ans pour Polka, 2 ans pour 6mois, et à peine un an pour Profession Photographe), ces revues ont été lancés dans un environnement économique très incertain. Et pourtant. Chacune à leur manière, avec une ligne éditoriale propre, elles ont su passer le cap de projet et trouver rapidement un lectorat averti. Polka – du nom de la chienne de la famille Genestar – souhaitait s’exprimer par la Photographie mais ne pas être catégorisé comme Magazine Photo en temps que tel. De part le choix de son nom, qui se devait d’être international, le magazine affichait déjà ses ambitions. Producteur de sujets photos, et à l’équilibre, on peut dire que le pari est réussi. Prochaines étapes : se développer à l’international et étudier de près le phénomène Ipad. Nous, c’est le développement de ce magazine que nous allons suivre de près 😉
6 mois, quant à lui, a fait le pari du futur, et peut être de l’utopie : montrer au lecteur ce qu’il n’a pas l’habitude de voir. Miser sur la qualité versus la quantité, et privilégier le côté journalistique. Pourquoi utopique ? Parce que tout le monde est payé : rédacteurs comme photographes, dans un monde où le gratuit est omniprésent, on peut dire que le pari est osé ! Et pourtant, avec un tirage à 42.000 exemplaires, le premier numéro a dépassé tous les objectifs. Comme quoi, il est bon de rêver….
Profession Photographe a de son côté pour ambition de donner aux photographes les clés pour exercer leur métier, mais également, de dénoncer les absurdités de la profession, notamment à travers la rubrique des Clics et des Clacs qui recueille et énonce les abus sans filtre. Dans un monde où Photographe est le métier le plus prisé par les jeunes (source : e-orientations.com), il paraissait indispensable de créer un magazine qui lui soit totalement dédié.
Crise ou pas, ce n’est pas le négativisme ambiant qui freinera l’insultant optimisme de ces trois intervenants. En faisant le pari de tirer profit de la révolution actuelle, ces trois revues nous prouvent encore une fois, que l’optimisme est roi !
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